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  • Photo du rédacteurJulien Compa

Trail du Grammont - Quand l'aventure se vit à deux

Dernière mise à jour : 21 juin 2021


Depuis mes débuts dans les trails à mon niveau modeste et amateur, j’ai toujours été habité par la motivation de (tenter de) dépasser mes limites sportives en solitaire dans un cadre naturel. Je conçois ce sport comme une aventure avec soi-même dans la montagne.

Selon la marque Salomon justement, on peut définir ce sport comme étant « la pratique de la course à pied en pleine nature ». La célèbre marque française indique également que l’âme du trail c’est « aller au bout de son aventure et partager des émotions fortes ».


Samedi 19 juin 2021, ma vision de ce sport a cependant évolué : mes motivations sont bien celles décrites, mais j’y ai aussi découvert que vivre et partager les émotions de cette aventure en duo m’a procuré une satisfaction nouvelle.

Désormais, je confirme que ce sport, qui réunit dépassement de soi et plaisir de s’évader sur les sentiers, peut se pratiquer en équipe. Alors n’hésitez pas et laissez-vous tenter, ça vaut le coup de partager ces moments !


Je tenterai ici de raconter un trail que j’ai eu le plaisir de terminer avec Delphine (ci-après surnommée « Dédé »). Il s’agit du Trail du Grammont, nouveau venu dans la multitude de compétitions déjà existantes.

Cette épreuve a la particularité de se réaliser en duo et en quasi-orientation. Nous avions donc rendez-vous samedi 19 juin au petit matin, pour partager ce beau moment à deux.


Les données de base sont assez simples. Nous recevons une feuille format A4 recto-verso avec le parcours dessiné sur un fond de carte géographique, ainsi que le profil total. La distance annoncée est de 41km avec un dénivelé positif de 3'500m. Un seul véritable ravitaillement est organisé au bord du lac de Tanney et la consigne est de rester en équipe. A notre disposition, nous aurons encore plusieurs points d'eau dans des fermes ou chalets d'alpage rencontrés sur le parcours.

Les têtes au départ

Le Grammont


Les bénévoles sont déjà à pied d'oeuvre dès 03h35 pour remettre les données et les dossards aux impatients participants que nous sommes. Cinq petites minutes avant le départ, nous sommes conviés sous l'arche rouge empruntée au SwissPeaks (il s'agit de la même organisation). Derniers mots du speaker et c'est parti, nous nous élançons enfin sur les sentiers gingolais.


Les premières difficultés arrivent vite. Nous pouvons lire sur la carte que nous devons gravir le Grammont par sa face nord. Au menu, environ 6.5km avec un total de ... 1'700m de dénivelé positif ! Les kilomètres initiaux se font au milieu de la forêt à la lueur de nos lampes frontales. Par moment, nous avons le plaisir d'apercevoir le Léman sous les premières couleurs du jour. C'est magnifique, nous en prenons plein les yeux.


Après une bonne heure de course, nous sommes heureux de parvenir à Chaumerny. Je consulte ma montre et remarque que nous avons déjà parcouru 5km avec 800m de D+. Pas besoin d'être un grand mathématicien pour comprendre qu'il reste à gravir 900m de D+ en 1.5km... quel rapport distance-dénivelé de fou pour atteindre le sommet tant convoité du Grammont !

Levé du soleil sur les pentes du Grammont

En sortant de la forêt, nous pouvons apercevoir très haut devant nous (mais pas si loin en réalité), le fameux sommet. C'est à la queue leu leu que les binômes attaquent cette pente redoutée. Quelques cris annoncent des chutes de pierres dès les premiers hectomètres. Un petit replat au bout d'une heure de montée nous fait traverser un névé et rafraichit l'atmosphère.


Ma coéquipière Dédé est courageuse, elle ne lâche rien et nos humeurs respectives sont au beau fixe... presque comme le soleil qui se lève. On nous avait annoncé une météo chaude et estivale. Malgré cela, nous recevons quelques gouttes sur les dernières pentes vertigineuses. Au loin, vers les Préalpes vaudoises, on distingue d'importantes averses. Nous croisons Julien Voeffray, directeur du SwissPeaks qui nous encourage et nous indique que la pluie ne devrait pas continuer trop longtemps.


Les derniers 200m de dénivelé se font véritablement à quatre pattes dans un pierrier. C'est splendide et minéral. L'arrivée au sommet sous quelques bourrasques de vent fait le plus grand bien, tout comme la barre de céréales en guise de casse-croûte. Nous avons dompté le Grammont ! Les Dents du midi nous font signe depuis le Valais proche et une petite photo s'impose.

Synthèse de ce début de course, le ton est déjà donné, le parcours passera souvent par des chemins sans sentier. On reconnait tout à fait le style "SwissPeaks".

Au sommet du Grammont avec les Dents du midi

En route pour la France


Nous ne nous attardons pas longtemps et entamons directement la descente en direction de Tanney. Pour l'avoir effectuée l'an passé dans les deux sens, nous savons que sur cette pente nous pouvons rapidement nous mettre à courir et dérouiller nos cuisses encore congestionnées des premiers kil'.


Au passage par le ravito de Tanney, les bénévoles sont comme prévu chaleureux, motivants et aux petits soins pour nous. Nous mangeons le traditionnel tuc-coca (bientôt marque déposée) et repartons quelques minutes plus tard pour attaquer la montée sur la Cheseule. Celle-ci se fait sur un sentier au milieu de la forêt. L'odeur des plantes qui nous entourent et la vue sur le Lac de Tanney en contre-bas nous comblent pour ce début de matinée. Nous ne sentons même plus les douleurs musculaires.

Le lac de Tanney au petit matin

Nous enchainons avec une jolie descente dans les pâturages sous les encouragements vigoureux d'un troupeau de moutons qui bêlent à n'en plus finir. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, c'est déjà le retour des pentes positives en direction du col de Vernaz et de ... la France. Cette fois, les nuages ont disparu et la chaleur fait son apparition. Météo Suisse ne s'est pas trompée, il fait chaud ! Nous franchissons la frontière franco-suisse avec une pâte de fruits pour fêter ça.


La suite du parcours sur le territoire haut-savoyard nous conduit au lac d'Arvouin, charmant petit plan d'eau perdu au milieu des montagnes, où un pêcheur s'adonne à sa passion seul au monde. Nous profitons d'un point d'eau pour recharger nos flasques que nous avons vidées et avaler une barre de céréales.

Dédé et moi discutons de la prochaine montée qui fait un peu peur et qui devrait pouvoir nous ramener sur le territoire helvétique. Cette fameuse côte en direction des cols de Sevan et d'Outanne ne va pas nous décevoir. Il s'agit en réalité d'un vrai mur où personne n'aurait idée de s'aventurer !


L'inclinaison est folle, chaque pas nécessite la plus grande attention et nos genoux frottent même la roche tellement c'est pentu. Les équipes en contre-haut signalent par des cris les chutes de cailloux.

Pour la première fois de ma vie, j'ai 2-3 frayeurs avec ces pierres. En effet, Delphine en voit passer une à quelques mètres d'elle ! C'est assez dingue comme moment, mais c'est aussi peut-être pour ça que nous faisons du trail : obtenir son / ses shoots d'adrénaline.


Retour sur Suisse


Finalement, non sans difficulté, nous regagnons la Suisse. En chemin, nous croisons un traileur qui nous indique la direction pour trouver le Pas de la Braye. Sur ses conseils nous descendons sur un single track, longeons une barrière électrifiée et trouvons ledit Pas.

Petite descente ensuite avec des chaînes et des cailloux glissants qui nous permettent de rejoindre le Chalet de Blancsex et une remontée jusqu'à son col. Nous redescendons en courant jusqu'au plan de l'Ortie où la chaleur commence vraiment à nous peser. Heureusement, le chalet d'alpage a sa jolie fontaine qui permet de nous ravitailler.


Dernière vraie montée jusqu'au col de Tanney en slalomant au milieu d'un troupeau de vaches. Nos montres indiquent presque 9 heures de course déjà. Le ravitaillement qui suit au bord du lac nous fait le plus grand bien. Nous améliorons même notre célèbre tuc-coca avec des morceaux de fromage à raclette. Je croise à cet endroit la bénévole qui m'avait accompagné lors de mon terrible abandon au Swiss Peaks à Champex (je fais dans le mélodramatique humoristique ... j'assume!).

La belle histoire dans tout ça, c'est que cette dame me reconnait et que nous nous rappelons avec humour et plaisir cet évènement passé. Je lui concède même ne pas avoir oublié sa fameuse tarte aux myrtilles.


Enfin l'arrivée


Après ce moment de convivialité propre aux trails, Dédé et moi repartons pour les 12 derniers kilomètres en direction de St-Gingolf. Nous sommes tous les deux requinqués par le ravito et dévalons les pentes en vue de l'arrivée.


Notre euphorie ne dure pas éternellement. Comme souvent, les 5 derniers kilomètres nous semblent aussi longs que l'entièreté de notre belle journée. La forêt qui paraissait si belle le matin-même finit par nous lasser et quelques premiers jurons font leur apparition.

C'est donc à ce moment-là que je choisis de consommer ma dernière pâte de fruits qui, à défaut de redonner de l'énergie à mes guiboles, donne un peu de plaisir sucré à mon cerveau pour me permettre de retrouver ma bonne humeur.


Les 2000 derniers mètres se font avec le sourire et en nous rappelant cette journée mémorable passée ensemble. Nous ne sentons même plus le soleil qui nous fait suer à grosses gouttes au moment de franchir la ligne d'arrivée. L'ambiance est comme d'habitude excellente et nous sommes acclamés par les équipes arrivées auparavant. Au final, nous avons accompli ce trail en un peu plus de 11h30 de course.


La bière qui suivra au bord du lac, la baignade et la bouteille de rosé au soleil clôtureront une journée faite d'aventures, de partages, de difficultés mais surtout de plaisir. Comme prévu, nous sommes restés fidèles à nos valeurs et à ce sport qui permet de s'évader en contemplant la beauté des paysages montagneux de nos régions.


En guise de conclusion , nous clamons haut et fort ... No Trail, No Beer !






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