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  • Photo du rédacteurJulien Compa

Swiss Peaks 360 - Quand l'amitié permet de se dépasser


Il y a un an, j'abandonnais le Swiss Peaks Trail à cause d’un genou gauche défaillant, cette course incroyable qui se courait à travers le Valais longue de 314km avec 22'500 mètres de D+. Cette expérience douloureuse me démontrait que le jeune trentenaire que j’étais, n’était en réalité pas invincible.

En 2021, mon obsession est restée la même : je me devais de terminer ce trail et prendre ainsi ma revanche. Il mesure cette année 364km avec 26'500 D+. Quelle belle aventure se profile !


Lors de cette course, j'ai constaté que le côté humain a une signification toute particulière. En effet, "Ziva" et "Kiki", deux amis proches, ont choisi de prendre une semaine de vacances pour m’assister. Ces appuis indéfectibles et salvateurs me font prendre conscience que l'amitié permet véritablement de gravir des montagnes !


Pour commencer, je dédie donc ces lignes à ma Ziva et à mon Kiki. Vos présences en plus de votre soutien logistique aux ravitaillements, ont été mon moteur durant plus de 125 heures de course !

Merci pour tout ce que vous m’avez apporté durant cette semaine !

Kiki et Ziva

Pour clore cette introduction, je remercie également toutes celles et ceux qui sont venus m'encourager sur le bord du sentier. Vous serez cités dans ce texte, mais je tiens à souligner que vos venues surprises durant ce trail m'ont toujours redonné le sourire et une énergie positive !

Je n'oublie pas non plus tous les messages que j'ai reçus nuit et jour. Merci donc à toutes ces personnes qui ont pris quelques minutes pour moi et qui, par leur soutien, m'ont aidé à accomplir ce long périple valaisan.


Comme mes précédents écrits, ce compte-rendu se veut sans aucune prétention et vise à faire partager ma passion et mes émotions ressenties à travers ce sport qu'est la course en montagne.


Les dernières heures avant le SP


Tout commence le samedi 28 août 2021, au fin fond du Valais... Mes dernières heures et ma dernière nuit avant la course se déroulent dans des baraquements en bois sur les hauteurs d’Oberwald. C’est le lieu où se trouvent des dortoirs fournis par l’organisation.

L’endroit est un peu spartiate mais franchement agréable, puisqu’au milieu des autres traileurs il est facile de se « mettre enfin dans la course ».


Après avoir choisi mon plumard, branché une dernière fois mes appareils électroniques, je me dirige dans la zone cuisine où je déguste un riz-dinde avec d’autres concurrents.

Je précise ici que le terme « concurrent » n’est pas le plus approprié, car cette course ou plutôt cette aventure, est une véritable épreuve avec soi-même. Nous sommes notre propre adversaire et notre seul but est de terminer. Le classement ne représente donc rien à nos yeux.


Mes compagnons du soir et moi-même discutons du parcours que nous connaissons presque sur le bout des doigts. Je remarque que comme moi, ils sont anxieux et se posent plein de questions auxquelles nous tentons de nous répondre parmi… ou tout du moins, à se rassurer avant d’aller dormir !


Vers 20h00, je vais d’ailleurs m’allonger en espérant trouver le sommeil rapidement. Aux alentours de 22h30, je m’évade dans les bras de Morphée et me réveille vers 05h30 en ayant l’impression de m’être bien reposé (un exploit historique pour l’insomniaque que je suis).


Le grand départ


A 08h00, je me trouve déjà dans la zone de départ, qui est la salle de gym d’Oberwald. A cet endroit, nous avons la possibilité de nous sustenter avec un bon petit-déjeuner. Je dévore quelques tartines et deux tasses de café en compagnie de 3 autres traileurs qui, comme la veille, font et refont le chemin qui nous attend ces prochains jours.

Parmi eux, j’ai le plaisir de rencontrer le « légionnaire », un personnage atypique qui parcoure les trails vêtu d’une grande tenue.

Une heure plus tard, je remarque qu’il me reste 180 minutes à attendre encore. Je rencontre Nico, que j’avais déjà côtoyé l’an passé au ravito de Blüomatt. Nous nous remémorons l’aventure de 2020. Il m’explique comment il a terminé et je lui raconte les raisons de mon abandon. Ce que je ne sais pas encore, c’est que ma semaine va se dérouler souvent en sa compagnie.


A 11h00, Ziva et Kiki me rejoignent et me donnent un dernier boost d’énergie. Je leur suis si reconnaissant d’être venus jusqu’au fond du Valais pour m’encourager. Malgré ça, je suis encore à des années-lumière de comprendre à quel point ils s’investiront pour moi lors de cette course…


Midi pile, coup de pétard ! Le peloton composé de 373 courageux s’élance dans le village d’Oberwald. Les larmes me montent, une année que j’attends ça, une année que j’attends cette revanche personnelle. Ziva et Kiki se tiennent sur le bord de la route et donnent de la voix, mon Swiss Peaks démarre et je sais déjà que je serai bien entouré !


Premières pentes


Le menu du jour se compose d’environ 50 km avec 3'400 D+. Nous commençons par gravir Üerlicherblase et Schossmatte avant d’atteindre le ravitaillement de Reckingen qui se trouve aux abords d’une jolie chapelle. Le sentier est agréable et roulant. La température est même optimale pour commencer avec le soleil caché derrière les nuages.

Très rapidement, je m’immerge dans cet univers montagneux où les odeurs de la forêt et le bruit des cailloux sous mes pieds me rappellent à quel point j’aime ce sport.

Au ravitaillement, je suis accueilli par Ziva et Kiki. Ils semblent tout heureux d’être là avec moi et me racontent qu’ils ont bu quelques bières à ma santé. De mon côté, je déguste un premier tuc-coca. Devant nous, se dresse déjà une jolie montée sur Chummehorn avant de redescendre sur la première base de vie à Fiesch.


Après avoir avalé quelques carrés de chocolat, salué mes fidèles accompagnateurs, j’avale très (ou trop) rapidement les pentes montagneuses. Au sommet de Chummehorn, nous avons le droit à notre premier coucher de soleil sur le Valais. Je ne peux m’empêcher de m’exclamer « putain, on a du bol d’être ici ! ».


La longue descente qui suit se fait à la lueur de nos lampes frontales. Je réalise cette portion seul et avec précaution pour ménager mon genou. Le sentier est caillouteux et demande de la concentration si l'on veut entamer sereinement notre gros voyage.


Chäserstatt a l’honneur d’être le premier ravitaillement qui propose de la raclette. Plusieurs traileurs ne peuvent y résister mais pour ma part, je préfère la viande séchée fraîchement tranchée. Ce met salé me permet de repartir de très bonne humeur dans l'obscurité du Haut-Valais.


Quelques kilomètres avant d’arriver à la base de vie, j’entends des cris d’encouragements qui viennent en contre-bas. Je traverse alors un pont suspendu au-dessus du Rhône et retrouve les fameux supporters qui donnent de la voix. A ma grande surprise, je constate que ce sont « mes » supporters qui ont été rejoints par Mél. Quel plaisir de retrouver tout ce petit monde et de partager un rapide moment avec eux !

Ziva, "mézigue" et Mél

Finalement, j’arrive à la base de vie de Fiesch vers 22h30. Mon timing est respecté, quoiqu’un peu rapide. Mes accompagnateurs me donnent quelques conseils et des derniers encouragements qui me font du bien. Je les laisse retrouver leur lit douillet vers 23h00.

Pour ma part, je me dirige vers la salle du repas où je mange un bon ragout avec du riz. Ce repas chaud est parfait avant d’aller prendre ma douche et de me remettre en route. Conformément à ce que j’ai prévu, je ne dormirai pas à cet endroit.


Premières difficultés et plénitude


Minuit pile, précision helvétique, je repars ! Je m’élance seul dans la nuit. Je n’ai pas trouvé de compagnon de galère pour rallier le prochain ravito de Fleschbode. Le chemin pour y parvenir est justement (très) long, 20 kilomètres et 1'900 D+. Quel sacré morceau !


Au bout de 45 minutes, je rattrape un petit groupe composé de 4 Italiens. Pour passer le temps, nous échangeons sur nos vies, sur nos expériences en trail ou encore sur les mets qui nous seront servis à la prochaine pause.

Malgré leur sympathique compagnie, le vent frais me donne des ailes et je ne reste pas plus d’une heure avec ce groupe transalpin. Ils me souhaitent bonne route et je les laisse dans les pentes raides de Furggerschäller.


Vers 05h00, j’ai le plaisir de déguster LA croziflette au ravitaillement de Fleschbode. Je ne peux y résister, un vrai délice ! A ce moment-là, certains ont l'estomac qui vacille et leurs quelques vomissements ne me donnent pas envie de rester trop longtemps dans cette cabane qui reste malgré tout accueillante avec des bénévoles aux petits soins.

Je redescends donc rapidement sur Grund. J’atteins les 70 kilomètres et je prends conscience que je me retrouve sur le parcours du Swiss Peaks de 2020. La pente repasse rapidement en dénivelé positif et le chemin est plaisant au milieu des arbres.


Je m’abreuve brièvement à une fontaine d'un village désert perdu dans la montagne. La plénitude m’envahit, c’est exactement ça que je suis venu chercher : randonner, seul dans la montagne au milieu de la nature, avec pour seule(s) limite(s) mes capacités physiques.

Peu avant de parvenir au ravito de Lengritz, ces capacités seront d'ailleurs sacrément éprouvées. La forêt disparait en laissant place à la caillasse et l’inclinaison de la pente m’oblige à « faire monter les pulsations ».


Un peu plus loin, je croise un duo formé par une sœur et un frère, Manon et Florian, qui se prélassent sous les premiers rayons du soleil. Leur histoire est belle, ils tentent d’aller le plus loin possible ensemble dans cette course.

J’ai évidemment un pincement au cœur en pensant à mes deux p’tites sœurs qui doivent commencer leur semaine au bout du lac de G’nève, à des centaines de kilomètres d’où je me trouve.


Vers 11h00, j’ai l’immense plaisir de retrouver Ziva au ravitaillement de Giw. Elle s’est levée aux aurores pour ne pas me louper et aller m’acheter quelques barres énergétiques. Nous passons un quart d’heure ensemble et elle me promet de me retrouver à la base de vie de Eisten qui se trouve à quelques encablures dans la vallée suivante.


Je me lance dans cette descente compliquée qui fera souffrir tous les traileurs. Fort heureusement, pour l’avoir effectuée en 2020, je sais que je dois prendre mon temps et ménager mon genou. A 13h45, je récupère mon sac suiveur à la base de vie. Mél, Ziva et Kiki sont à mes côtés. Je leur explique que contrairement à ce que j’ai prévu, je ne pense pas dormir ici. Ils me conseillent de manière avisée d’aller voir un physio pour un massage et un podologue pour faire un « check des pieds ».


Je suis leurs précieuses paroles non sans avoir dégusté « les pennes alla napoli » (un vrai trail culinaire ce Swiss Peaks!). Deux heures plus tard, je reprends mon chemin dans la difficile montée au-dessus de Eisten. Je me sens requinqué et pas fatigué du tout. Le corps est plein de ressources, le massage du physio y est certainement pour quelque chose !

Arrivée à Eisten

Premier petit somme


Quand le soleil vient nous gratifier de ses derniers rayons, je me trouve au bord du lac de Grächen. Je n'ai absolument aucune envie de dormir, mais reste un peu préoccupé par la situation. En effet, cela fait maintenant plus de 30 heures que je cours et je n'ai pas fermé l'oeil.


Après concertation avec mes accompagnateurs, je décide de pousser le vice jusqu'au ravitaillement de Blüomatt, qui se trouve 25 kilomètres plus loin. Il y a aussi environ 2'000 D+ à se farcir avant d'y parvenir. La tâche peut sembler titanesque. Cependant, je suis convaincu que je serai satisfait d'avoir traversé le Augstbordpass, véritable désert minéral qui culmine à 2892 mètres d'altitude, avant de m'allonger un moment.


Vers 02h00 du matin, j'arrive enfin à Blüomatt heureux et fier d'avoir tenu jusque là ! J'avale une omelette accompagnée de pommes de terre et un grand verre de coca. Les bénévoles, toujours aussi avenants, me désignent un lit de camp dans le grenier de la grange. Plusieurs traileurs sont également en plein sommeil à cet endroit.


Je me couche en demandant que l'on me réveille 45 minutes plus tard. Sans surprise, mon côté insomniaque reprend le dessus et je redescends manger une petite omelette après une demi-heure, au milieu des notes de yodle qui animent le lieu. Malgré ça, j'ai conscience d'avoir réussi à dormir quelques dizaines de minutes. C'est pas trop mal !


Alors que je vais reprendre ma route, la porte de la grange s'ouvre et Ziva apparait dans l'entrebâillement. Je peine à y croire. Il est 3h30 du matin et elle est venue jusqu'au fond de cette vallée pour me donner quelques encouragements.


Plus tard dans la matinée, au beau milieu de la forêt grimentzarde, c'est Kiki qui m'accueille juste avant la base de vie n°3. Il me rassure en disant que je vais tout bientôt pouvoir profiter d'un repas chaud. A 09h00, je rentre enfin dans le grand chalet à Grimentz qui sera ma demeure pour quelques heures.

Kiki s'occupe de brancher mes appareils électroniques et j'apprends que Ziva est déjà en route pour me rejoindre. Quelle énergie ils mettent et m'insufflent, c'est fantastique !

Moment-clef


Je reste deux petites heures à Grimentz. Le sommeil me fait toujours défaut, donc je décide d’attaquer rapidement la longue montée qui mène jusqu’à la cabane des Becs de Bosson.

Celle-ci « passera crème » comme on dit… Mes jambes répondent très bien après plus de 48 heures de course, et la météo est au beau fixe. A ladite cabane, je suis accueilli par 3 jeunes bénévoles qui nous ont préparé des tartines et des sandwichs. Le point de vue est superbe à cet endroit !


Dans la vallée suivante, je rencontre Ziva et Mél qui m’attendent à Evolène et, alors que je me sustente au ravitaillement en leur compagnie, je vois arriver Julien Delèze, le traileur avec qui j’avais vécu des moments inoubliables l’an passé. Il me fait la surprise d’être là et de m’encourager avant la nuit.

Quel plaisir de le retrouver après des mois sans s’être vu. Merci à toi Julien pour tous les conseils et les paroles positives que tu m’as donnés !

Visite surprise de Julien à Evolène

Vient ensuite le moment qui me fait peur dans ce trail, le Col de la Meina. C'est l'endroit exact où j'ai commencé à ressentir ma douleur au genou en 2020. J'appréhende ce moment, mais essaie de ne pas trop y penser. Le groupe que je forme avec plusieurs autres coureurs est fier de réaliser que nous avons passé la barre symbolique des 182 kilomètres, soit la mi-course !


Au beau milieu de la nuit, je franchis le fameux col avec Jean-Luc et Florent, qui sont deux traileurs ultra aguerris. Ils me rassurent et nous descendons ensemble jusqu'à la Grande-Dixence dans la pénombre. Nous apercevons les puissantes lumières de l'hôtel du barrage qui sera notre base de vie suivante.


Lever de soleil indescriptible


A 04h00 du matin, j'attaque la suite des festivités. Tout d'abord, c'est le col de Prafleuri, point culminant de la course à 2985 mètres. Sans surprise, la neige est de la partie avec quelques névés qui restent bien présents. La plénitude est totale. On entend seulement le bruit de poudre blanche gelée qui craquelle sous nos pas.


Prafleuri est suivi par le mythique Grand Désert, que j'aurai le droit de traverser au lever du soleil. Le timing est juste parfait. Les mots me manquent, car ce paysage minéral qui est léché par les premiers rayons offre des images à couper le souffle !

Kiki est également sans-voix et prend le temps d'immortaliser l'instant avec des clichés fantastiques. Nous sommes aux anges, nous avons même les yeux un peu embués tellement c'est magnifique ! Pour couronner le tout, au ravitaillement on me sert ce que j'attends depuis une année... LE lard au miel, que c'est bon !

Fameux lard au miel

Comme si le spectacle n'était pas total, nous avons le droit à une descente sublime sur le lac de Louvie. Après avoir traversé le col du même nom, toujours accompagné par les premiers rayons de "l'astre de lumière", nous sautons de bloc de pierre en bloc de pierre.

L'année passée, avec ma blessure, j'avais détesté cet endroit pendant la nuit. Pour 2021, il représente un des plus beaux moments dans cette course. Si la Suisse n'est pas le plus beau pays du monde, en tout cas, elle s'en rapproche !

Lac de Louvie

En fin de matinée, l'arrivée au ravitaillement de Plamproz se fait sous les encouragements de Ziva. Elle va même jusqu'à jouer les podologues pour me faire "péter deux cloques" (je garde les photos qui ont immortalisé ce soin pour nous...).

Je repars sur les pentes des cabanes de Brunet et ensuite de Mille. Entre les deux, je réussi à faire ma première micro-sieste au bord du sentier pendant dix minutes, sous un soleil étouffant. Cela peut paraître idiot, mais je suis très fier de moi !


Après avoir passé la cabane de Mille, je sais que je dois me lancer dans une descente interminable sur Orsières. Alors que j'aborde le début de la pente, je vois une silhouette qui ressemble à mon collègue Vincent qui monte dans l'autre sens. Quelques secondes plus tard, je n'ai aucun doute, c'est bien lui et il a gravi des centaines de mètres de D+ juste pour moi. Merci Vince encore une fois, ta présence à ce moment-là a égayé ma journée !

"Mézigue" (les traits tirés) et Vince

Mon capital émotions n'a pas fini d'être mis à mal, puisque c'est ma maman qui m'accueille dans la ville d'Orsières. Nous échangeons rapidement tous les deux, les mots sont brefs et tintés d'un peu (beaucoup) d'émotions. Merci à toi maman pour ce soutien familial !


Le ravitaillement de Prassurny est le dernier point de repos avant la redoutée montée sur la fenêtre d'Arpette. Ce passage, aussi technique que dangereux, rend anxieux la majorité des traileurs. Il est vrai que la portion que j'ai entamée le matin-même depuis la Grande-Dixence, mesure 70 kilomètres avec 4'300 D+ pour arriver à la base de vie de Finhaut... c'est colossal ! A cela, il va falloir ajouter la montée sur Arpette en pleine nuit.


Une nuit presque en enfer


La fameuse montée de la fenêtre d'Arpette tient toutes ses promesses. Nous crapahutons pour nous hisser au sommet à plus de 2'660 mètres d'altitude. Le chemin est fait de blocs de pierre qu'il nous faut tantôt escalader, tantôt contourner.

Le faisceau de ma frontale me permet de voir le balisage réfléchissant qui montre la voie à suivre. Au bout de 3 bonnes heures, c'est la délivrance. Nous arrivons vers la bénévole qui tient une tente à ladite fenêtre. Elle a la bonté de m'offrir un café chaud.

Arpette et son chemin le plus "direct" (en plein jour) - crédit photo camptocamp.org

Redescendre ensuite de l'autre côté n'est pas non plus une mince affaire. L'énergie semble m'avoir abandonné et je peine à tenir sur mes pieds. Fort heureusement, je peux compter sur la bienveillance de Kiki dans les derniers kilomètres qui mènent à Trient. Je titube sur le chemin, mais parviens malgré tout à rallier ce ravitaillement.

A cet endroit, j'y trouve une traileuse qui s'endort dans sa couverture de survie à même le sol. Je la trouve folle, il fait très froid dans la tente de ravito. J'ai la chance de rencontrer Sergio, un guide de montagne italien qui accepte que nous fassions un "pacte" pour faire équipe jusqu'à la base de vie de Finhaut qui nous attend 8 kilomètres plus loin.


Nous nous élançons alors dans la nuit. Ziva et Kiki ne sont pas tranquilles, puisqu'ils ont vu que mon niveau de fatigue atteint son paroxysme. Avec Sergio, sans se poser de question, nous prenons un rythme soutenu. Nous croisons 2 groupes qui dorment au milieu du sentier. Cette étape entre Grande-Dixence et Finhaut laisse des traces. On me dira plus loin qu'elle a même "fait de la casse" parmi les participants.


Vers 05h00, nous arrivons à Finhaut. Ziva m'attend avec mon sac suiveur et me tient compagnie au moment où je peux manger enfin des pâtes chaudes avec du poulet aux champignons.

Une demi-heure plus tard, avant d'aller dormir, un jeune bénévole me fait découvrir 2 clips-vidéo d'encouragements envoyés par mes parents, mes soeurs et Damien. La vision de mes proches en train de m'encourager (certains avec des bouteilles d'alcool, d'autres avec des bières... parait-il que ça me correspond... sans commentaire!) est très motivante. Je dois aussi bien admettre que je suis gagné par l'émotion.


Arrivée en terrain connu


Jeudi matin à 09h00, je reprends ma route. Je suis en pleine forme et le soleil chauffe déjà bien sur les pentes du col de Fenestral. Il est suivi par celui d'Emaney qui, comme je le sais, me conduit en terrain connu sur le tour des Dents du midi. Lorsque j'arrive à ce col, j'aperçois enfin le lac de Salanfe qui scintille en contre-bas. C'est un moment particulier pour moi qui apprécie tout particulièrement ce paysage.


Ziva est montée depuis Van-d'en-Haut pour m'assister au ravitaillement de l'Auberge de Salanfe et fait même un petit bout de chemin jusqu'au pied du col de Susanfe. A cet endroit, je me joins à Nico et Patrick qui montent d'un bon pas. La température est agréable et le paysage lunaire au sommet du col nous ravit. Bien que je connaisse ce lieu sur le bout des doigts, c'est toujours un plaisir d'y parvenir.

Peu avant de franchir le pas d'Encel, c'est Kiki qui surgit de derrière un arbre. Armé de son appareil photo, il me mitraille et réalise quelques beaux clichés au soleil couchant. J'ai une pensée pour « Dédé » qui devra franchir elle aussi ce passage technique le lendemain lors de sa course. Je n'ai aucun doute qu'elle s'en sortira brillamment.


Quelques kilomètres plus loin, alors que nous approchons du refuge de Bonaveau, je distingue sur la terrasse un grand bonhomme qui ressemble à s'y méprendre à mon ami d'enfance "Cosset". J'ai à peine le temps de me faire cette réflexion que je vois qu'il sourit en me voyant arriver... c'est surréaliste ! C'est bien Cosset qui se tient devant moi. Il est monté jusqu'à ce refuge pour me voir passer quelques minutes. Je suis extrêmement touché par sa présence.

Merci Cosset d'être venu jusque-là. T'as assuré comme on dit !

"Mézigue" et Cosset

Arrivé au ravitaillement de Barme, je me repose 29 minutes sur un lit de camp et dévore les crêpes qui sont offertes par les bénévoles. Je repars avec un groupe sympathique composé d'Antoine, Jérémy et Damien. Ces trois Français se surnomment la "team Arpette" puisqu'ils ont passé cet obstacle ensemble. J'apprécie de ne pas faire la route seul au milieu de la pénombre très fraiche.


Alors que la nuit est déjà bien tombée, nous entendons soudainement une musique nous parvenir. Je pensais que j'avais tout vécu ce jour-là, mais je me trompe. C'est le fameux Julien Delèze qui arrive en trombe depuis les hauteurs avec de la musique à fond dans son sac. Il nous explique qu'il est venu nous chercher depuis Champéry. Nous reprenons notre chemin tous les 5 et vers minuit, entrons dans la dernière base de vie de notre périple.

Julien me prodigue des derniers conseils et me dit de profiter de la fin de parcours. Merci Julien, rendez-vous à Nendaz pour un apéro. C'est moi qui régalerai !


Dernière journée


Je ne reste pas longtemps dans cette dernière demeure. J'y dors simplement 40 minutes. Je repars vers 04h00 avec Jean-Sébastien, un traileur basque qui a une grosse expérience. Je fais route quelques heures avec lui jusqu'à Morgins, au cours desquelles nous discutons des courses qu'il a accomplies ces dernières années. Je suis impressionné par ses exploits.


Durant la matinée, j'ai le plaisir d'avoir Dédé au téléphone que j'encourage pour son périple qui va débuter le jour-même. Au même moment, j'aperçois le Lac Léman... Quelle émotion, je touche au but !

Quelques heures plus tard, alors que j'approche du ravito du chalet de Blansex, j'aperçois quelqu'un qui court derrière moi dans la montagne. A ma grande surprise, je remarque que c'est mon collègue Julien (quel prénom répétitif !). Il me raconte qu'il tente de me rejoindre depuis la veille... c'est fou le chemin qu'il a parcouru pour venir me voir.

Merci à toi Julien d'être venu m'encourager. Comme promis, on s'organise une rando ensemble tout prochainement !


Ziva, fidèle à elle-même avec son grand sourire et sa motivation sans faille, apparait au contour d'un virage. Elle nous accompagne jusqu'au ravito, où je déguste une succulente polenta.

Ziva, "Mézigue" et Julien

En début d'après-midi, je prends la route du lac de Tanney. Je suis en compagnie de Nico et Patrick, ce fidèle binôme qui aura fait presque toute la course ensemble. Kiki nous attend au bord de ce lac pittoresque et nous nous autorisons le droit de manger une glace locale au soleil. La fin approche... mon corps se relâche et je sens finalement une première grosse douleur au releveur du pied droit. Malgré ça, plus rien ne semble pouvoir m'empêcher de rejoindre le Bouveret et les bords du Léman.


Nous avons la chance de passer par le Pas de Lovenex et son point de vue magnifique sur le Lavaux et la Riviera en contre-bas. Au dernier ravito au-dessus de St-Gingolf, l'heure est "à la déconne" avec Nico et Patrick.

"Mézigue", Nico et Patrick

A 17h18, je franchis cette ligne d'arrivée qui m'obsède depuis tant d'années. Je suis accueilli par ma soeur Sophie et par Ziva et Kiki évidemment ! Mes larmes qui ont commencé à couler depuis plusieurs minutes déjà, sont éclaboussées par des torrents de champagne.


J'ai le sentiment d'avoir accompli quelque chose pour moi-même. La seule fierté que j'en retire est que je suis parvenu à mon objectif en pratiquant ce sport que j’aime durant une semaine. Je ne cherche aucunement à me vanter. J'ai conscience d'avoir profité et d'avoir vécu 5 jours que je n'oublierai jamais.

En conclusion et au risque de me répéter, j'ai (re)découvert des valeurs d'amitié incroyables lors de cette aventure. Ce sont celles-ci qui m'ont permis de franchir les kilomètres et les splendides montagnes valaisannes !


Toutes ces personnes qui ont donné de leur temps pour moi ou qui m'ont soutenu à distance durant ce long voyage, font partie intégrante de la réussite de ce trail. Merci à toutes et tous !


Merci à tous les bénévoles du Swiss Peaks qui ont permis cet événement possible et à l'organisation qui par les temps "covideux" qui courent, a pu nous faire visiter LE PLUS BEAU PAYS DU MONDE !


Finalement, merci encore au duo de choc qui a parcouru près de 1'200km de route durant ces 5 jours inoubliables à mes côtés!

De vraies têtes de vainqueurs !

“Les amis sont des compagnons de voyage, qui nous aident à avancer sur le chemin d’une vie plus heureuse.” (Pythagore)




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